En 1938, alors qu’une grave crise économique sévissait depuis déjà près de dix ans, l’agronome Alpha Mondou et l’agriculteur Omer Deslauriers rassemblaient 87 agriculteurs pour créer une coopérative. À l’époque, ils sont persuadés que l’union fait la force. Avec une certaine dose d’optimisme, ces agriculteurs mettent dans la Coopérative leurs économies, environ 50 $ chacun, et tous leurs espoirs dans cette nouvelle aventure, plutôt avant-gardiste pour l’époque. En effet, cette période de l’histoire était fébrile et propice à l’émergence de plusieurs initiatives semblables au Canada et dans plusieurs régions des États-Unis. On assiste alors à l’émergence d’une multitude de petites laiteries, crémeries et fromageries. Si la plupart ont aujourd’hui disparu, plusieurs ont survécu en adhérant au même rêve que celui de ces premiers coopérateurs.

À ses débuts, la Société coopérative agricole du canton de Granby, qui deviendra Agropur, avait une vocation bien précise : approvisionner ses membres en moulées, grains ou engrais en plus d’organiser la vente des animaux. Bref, cette coopérative était tout d’abord un regroupement de vente et d’achat de produits agricoles. Cependant, assez rapidement, elle s’orientera vers la transformation du lait et, bientôt, d’autres produits laitiers. En effet, dès le début des années 40, elle produira du beurre, puis un peu de fromage. Elle s’engagera ensuite dans la fabrication de lait en poudre et de lait concentré, ce qui lui ouvrira de nouveaux marchés.

Pour poursuivre ses efforts de diversification, La Coopérative explore de nouveaux secteurs d’activités et ajoute à ses activités fromagères, de beurre et de poudre, les secteurs suivants : le yogourt et le lait de consommation à partir de 1971 en plus des fromages fins en 1978. Autrefois confinée au territoire québécois, La Coopérative étend aussi son rayonnement géographique en Ontario (1995), dans l’Ouest canadien (1998), plus récemment, aux États-Unis (2008) et dans les régions Atlantique canadiennes (2013).

À la manière du Mouvement Desjardins et de La Coop fédérée, les fondateurs d’Agropur, portés par les valeurs de solidarité, de démocratie et de prise en charge, ont choisi un mode d’organisation original et différent : la coopération. Entrevoyant l’avenir avec confiance, ils étaient convaincus d’une chose : « La Coopérative ne connaîtra pas de frontières. » Au fil des ans, leurs successeurs réaliseront plus de 140 acquisitions et fusions qui permettront à leur Coopérative de voir son chiffre d’affaires atteindre de nouveaux sommets : 6,5 milliards de dollars en 2017. Avec pareil accomplissement, Agropur est considéré à titre de plus grande coopérative de transformation laitière en Amérique du Nord.

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« Il y a près de 80 ans, nos fondateurs se sont regroupés pour relever les défis d’un contexte particulièrement difficile. Ils ont choisi le modèle de la coopérative. Ce choix n’était pas anodin. La coopérative est plus qu’une forme juridique d’organisation. C’est un outil de prise en charge, une façon de contrôler sa destinée. »

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RENÉ MOREAU, AGROPUR (président 2017-)